Leishmaniose : faut-il avoir peur ?
par Julie Destouches,
Jusque-là confinée dans le sud de la France, la première maladie parasitaire canine connaît une vague d’expansion. Le bon réflexe pour la stopper ? La prévention !
Comment se transmet-elle ?Le parasite responsable de cette maladie, le leshmania infantum, est transmis par une sorte de petit moustique, le phlébotome. En prélevant le sang d’un chien infecté, l’insecte inocule le parasite à un chien sain, le rendant alors « séropositif ». Le phlébotome pullule en zone chaude et humide. Historiquement très présent dans le bassin méditerranéen, cet insecte remonte au fil des ans la carte de France et touche aujourd’hui le triangle Andorre-Nice-Lyon. L’expansion de cet insecte serait sans doute un autre effet du réchauffement climatique… Si bien qu’aujourd’hui, plus d’un million de chiens français seraient menacés par la leishmaniose sévissant dans le pourtour méditerranéen.
Qui touche-t-elle ?En France, ce petit moustique ne s’attaque que très rarement aux chats. Ce sont surtout les chiens qui sont les premiers concernés. « Aucune étude n'a pu prouver que la leishmaniose serait transmissible du chien à l’homme. C'est du moustique à l’homme qu'elle se transmet, uniquement si le sujet est immunodéprimé : personnes âgées souffrantes, convalescents, séropositifs…Aujourd’hui, on n’euthanasie pas un chien atteint de leishmaniose par crainte d’être contaminé. On ne passe le pas que s’il est mourant », explique le docteur Jean-Pierre Renaud, vétérinaire à Antibes. On compterait aujourd’hui une trentaine de cas de leishmaniose humaine en France, selon le professeur Robert Killick-Kendrick, de l'Imperial College de Londres.
Quels sont les symptômes ?La maladie peut prendre plusieurs formes. « On a des formes cutanées, assez impressionnantes mais pas forcément les plus graves : amaigrissement, décolorations autour des yeux qui forme des lunettes, allongement des ongles, dermite sèche… Mais les formes les plus graves sont articulaires et rénales. Certains chiens ne développent pas ou peu les symptômes, d’autres peuvent mourir en quelques mois, en développant sa forme rénale par exemple », précise le docteur Jean-Pierre Renaud.
Comment la prévenir ?Aucun vaccin contre la leishmaniose n’existe pour l’instant. Certains traitements sont très efficaces, mais ils doivent être suivis à vie car la leishmaniose ne se guérit pas. La seule prévention possible, c’est de protéger son chien des piqûres de moustiques d’avril à octobre, dans les zones où le phlébotome sévit.
« Dans le Sud, les gens sont de mieux en mieux informés, souligne le vétérinaire Jean-Pierre Renaud. Ils savent que ce moustique vit dans les forêts de chênes verts et qu’il pique à la tombée du jour. Du coup, personne ne promène son chien en bordure de forêt en fin de journée. » Autre précaution à prendre : comme le phlébotome ne vole qu’à un mètre de haut maximum, dans les maisons, il vaut mieux faire dormir son chien à l’étage. Autant de précautions à garder en mémoire, en particulier pour les habitants du nord de la France qui vont passer leurs vacances dans le sud avec leur fidèle compagnon.
Il existe également des solutions locales : deux laboratoires proposent des produits qui ont un effet répulsif sur l’insecte : le
collier Scalibor du laboratoire Intervet, sur le même principe qu’un collier anti-puces, et la pipette Advantix du laboratoire Bayer, qui dépose un liquide entre les homoplates du chien.